L’évolution du cahier des charges des œufs bio

Les agriculteurs, le partenaire fabricant et Bleu-Blanc-Cœur ont travaillé à identifier les raisons de la baisse du nombre d’œufs pondus :

– Problème d’appétence

La nourriture proposée aux poules contenant de la graine de lin est un peu moins attrayante que celle sans graines de lin. Les éleveurs et les fabricants d’aliments nous ont remonté que le lin rancit rapidement ce qui altère le goût et l’odeur et le rend moins appétissant pour les poules.

– Croissance des poules pondeuses

Les poules prennent moins de poids, pondent moins et de moins gros œufs.

Un éleveur nous a partagé les données de son exploitation. 👇

Quelques données techniques données par les producteurs :

Les poules arrivent à 18 semaines dans l’élevage CQLP bio. L’alimentation qui leur est proposée à ce moment-là est composée majoritairement de céréales, mais aussi enrichie en lin.
– Elles perdent du poids quelques semaines après le démarrage de l’alimentation complémentée en lin
– Du coup, elles pondent moins (diminution de quelques pourcents chaque semaine)
– Perte financière de 3000 € à 5000 € sur ces élevages.
Trois exploitations ont arrêté de produire les œufs bios CQLP. Le risque et la variabilité des résultats étaient trop grands.

Un travail peut être effectué sur le changement du type de lin ajouté à l’aliment. Cependant cela prend un peu de temps et reste très sujet à la température (en été). ​De plus, à cause de l’évolution de la réglementation bio et des ressources limitées en alimentation bio, il est difficile d’avoir une composition optimale de la ration alimentaire, sans « impacts » sur la ponte.  

Une des premières actions à mettre en place pourrait être de réduire un peu la teneur en graines de lin, ce qui est fait actuellement sur les œufs plein air « C’est qui le Patron ?! » (l’alimentation des poules doit favoriser la présence d’oméga 3, mais il n’y a plus d’obligation sur un pourcentage de graines de lin).

Cette nouvelle réglementation implique néanmoins des coûts supplémentaires pour les producteurs que nous consommateurs devons répercuter dans leur rémunération pour continuer de les soutenir correctement. Voici les points qui ont évolué : 

– Alimentation 100% bio 🌽 

Jusqu’à présent 5% d’alimentation conventionnelle était autorisée dans la ration des poules. Désormais, elle doit être 100% biologique. Il a donc fallu adapter un petit peu la composition pour trouver les aliments 100% bios qui répondent aux besoins des poules. Le coût global de l’alimentation a donc augmenté. De plus, il est possible, car les ressources bio sont moins diversifiées que les conventionnelles, que les poules pondent un peu moins.  

– Accès à un espace extérieur pour les poulettes 🐓 

Les poulettes (les jeunes poules qui n’ont pas encore commencé à pondre) doivent désormais avoir accès à l’extérieur. Les producteurs éleveurs de poulettes doivent donc investir dans de nouveaux bâtiments ou rénover des existants et aménager des espaces extérieurs. Ces sorties en extérieur engendrent une mortalité supérieure des poulettes (+2% environ). 

– Encadrement plus strict de l’utilisation de certains anti-parasitaires 👩‍⚕️ 

L’utilisation des antiparasitaires de synthèse, c’est-à-dire des médicaments qui permettent de soigner les poules contre les attaques de vers devient plus encadrée. Les œufs des poules traitées sont déclassés et donc payés au prix des œufs conventionnels pendant toute la durée du traitement et durant les 2 jours qui suivent. Cela représente donc un manque à gagner pour l’éleveur.  

Source : ITAVI.  

Le coût des matières premières a fortement augmenté pour les éleveurs. Le blé par exemple, élément central de l’alimentation des poules pondeuses, a vu son prix doubler depuis 2021. Pour compenser cette hausse et continuer de les rémunérer au juste prix, il faut donc augmenter leur rémunération d’environ 2,13€/100 œufs.

Tout comme pour le lait, nous avons désormais mis en place un modèle de suivi des coûts de production en échange direct avec les éleveurs de poules pondeuses.

Les oméga-3 sont des acides gras essentiels, notre corps ne sait pas les fabriquer. Nous devons consommer suffisamment d’aliments contenant des acides alpha-linoléniques (ALA) ou des acides eicosapentaénoïque (EPA) ou docosahexaénoïque (DHA), pour ensuite les fabriquer. On retrouve ces acides gras principalement dans les végétaux terrestres pour l’ALA : lin, noix, soja et dans les poissons gras pour les EPA et DHA (Source : ciqual). Les omégas 3 sont nécessaires au développement et au fonctionnement de la rétine, du cerveau, et du système nerveux. Ils diminuent les risques cardio-vasculaires. En France, il est recommandé par l’ANSES (Agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) d’augmenter sa consommation d’oméga 3, et de réduire sa consommation d’oméga 6.

A contrario, nous consommons trop d’oméga 6, fabriqués à partir de l’acide linoléique que l’on retrouve principalement dans le tournesol, les noix, le maïs, et le soja.

De la même manière que si nous avons une alimentation variée et diversifiée, nous améliorons notre santé, il en va de même pour les animaux d’élevage. Une alimentation riche en oméga 3 permet normalement aux animaux d’élevage d’être en meilleure santé et les produits qui en sont issus sont aussi + équilibrés. Les oméga 3 se retrouveront ainsi dans la matière grasse du lait, de la viande, des œufs.

Dans nos rayons, un œuf pèse au minimum 51g et contient environ 5g de matières grasses. Le blanc est composé d’eau (87%) et de protéines (11%) et le jaune, d’eau (50%) et de matières grasses (30%). C’est donc dans le jaune que se concentrent les oméga-3.

Le label Bleu-Blanc-Cœur permet de garantir une qualité nutritionnelle pour l’homme tout en respectant la santé des animaux et de l’environnement. C’est une démarche globale, qui permet de penser à une organisation du champ en diversifiant les cultures plantées, l’alimentation des animaux, etc. L’impact est multiple : diminution de l’emprunte carbone, amélioration de la santé des animaux et amélioration du ration oméga 6 / oméga 3.

Un œuf BBC garantit :

– ratio oméga-6/oméga-3 < 4 conformément aux recommandations nutritionnelles de l’ANSES

– -18% d’impact CO2 versus un œuf conventionnel, source Agribalyse.

Une nouvelle loi a été approuvée concernant l’obligation pour les couvoirs d’avoir un appareil permettant de détecter le sexe des poussins dans l’œuf. Cela signe la fin de l’abattage des poussins mâles en France. 🙌

Du côté des œufs CQLP, nous avions anticipé cette évolution de la réglementation. En début d’année 2021, accompagnés de Lucie et Myriam, sociétaires, nous nous sommes rendus au couvoir où naissent les poules pondeuses pour les œufs CQLP.

Début 2023, tous les œufs devront être passés sous cette nouvelle méthode, y compris les œufs CQLP. L’usine est déjà équipée de cette fameuse machine. Les équipes nous ont donc expliqué comment elle fonctionnait. Merci encore à Hy-Line pour avoir ouvert leurs portes pour la première fois à des consommateurs. 🙏😊 Voici les images !