08/03/2018
« Depuis le mois de décembre dernier, la compote de pommes « C’est qui le patron ? » a fait son apparition dans de nombreuses enseignes de la grande distribution (Carrefour, Leclerc, Auchan…). Difficile de passer aujourd’hui à côté de cette marque créée par des consommateurs qui fixent eux-mêmes les prix et les cahiers des charges. Elle est apparue dans les rayons lait en octobre 2016 et son fondateur, Nicolas Chabanne, avoue qu’il ne s’attendait pas à un tel succès. « Nous nous étions fixé un objectif de 5millions de litres de lait vendus en 2017. Au final, nous avons atteint les 35 millions de litres. »
Fort de ce succès, la marque a développé d’autres produits : pizza, steak haché, jus de pomme ou plus récemment, la compote.
Comment ça marche ?
Le consommateur qui souhaite s’investir dans ce projet doit souscrire à une cotisation unique de 1 euro pour devenir sociétaire. Il peut alors voter pour les produits qu’il souhaite voir développer. Pour chaque produit, il peut via un questionnaire en ligne, choisir les critères de production (origine des produits, pays de transformation, juste rémunération des producteurs…). Dès qu’il choisit un critère, cela modifie immédiatement le prix de vente conseillé. Pas de mauvaise surprise.
Pour la compote de pommes, plus de 8000 consommateurs ont participé à l’élaboration du cahier des charges suivant :
- rémunération des producteurs qui lui permet de profiter de temps libre (sic);
- origine des fruits : France;
- variété des pommes : mélange de trois variétés identifiées et complémentaires;
- type de culture : écoresponsable;
- lieu de fabrication : France;
- sucre : sans sucre ajouté;
- recette : pomme nature;
- emballages : pot 100g x 4 sans suremballage + boîte de conserve 850g.
Six coopératives pour fournir 1 000 tonnes de pommes
« C’est qui le patron » a identifié l’entreprise St Mamet comme partenaire privilégié pour fabriquer cette compote. « Notre engagement dans une démarche filière a été un atout », explique Joël Derrien, directeur marketing de l’entreprise gardoise. Rappelons par exemple que l’an passé, St Mamet s’est engagée dans une contractualisation pendant 20 ans avec Conserve Gard, principale coopérative de la Région Occitanie dédiée à la transformation industrielle de fruits.
« Afin d’avoir un goût constant tout au long de l’année, nous avons identifié trois variétés de pommes : Gala, Golden et Granny, précise Jean-Christophe Soulier, directeur commercial Export et MDD. Elles proviennent de six coopératives réparties dans différents bassins de production. Cela permet de sécuriser notre apport en cas d’accidents climatiques sur un des bassins. Pour l’instant, nous avons un objectif annuel de 1000 tonnes de fruits, ce qui correspond environ à un volume identique de compotes. »
La transparence du verger à la cuillère
Parmi ces six coopératives, Cofruid’Oc accueillait ce lundi 5 mars les deux fondateurs de la marque ainsi qu’une dizaine de consommateurs sociétaires. L’occasion pour son PDG, Didier Crabos de présenter le fonctionnement et les valeurs de la coopération ainsi que l’importance de la filière pomme française aussi bien sur le plan économique que social. Pour ce dernier, l’intérêt de la démarche initiée par C’est qui le patron réside surtout dans la contractualisation à prix fixe sur 3 ans : « Cela nous donne plus de lisibilité. Alors, certes, n pourrait se dire qu’on peut être perdants notamment lors d’années en déficit où les cours sont hauts, mais à moyen terme on ne peut jamais prévoir les prix des campagnes suivantes. C’est en cela que c’est rassurant. »
Les consommateurs ont ainsi pu découvrir la vie de la compote de l’arbre au magasin. Robert-Pierre Cecchetti, président de la commission technique de l’ANPP, leur a notamment présenté le concept de vergers écoresponsables (dont sont issus 100% des pommes pour les compotes C’est qui le patron) en insistant sur la notion d’observations et sur le recours aux méthodes alternatives. Quant aux autres consommateurs sociétaires qui n’avaient pu faire le déplacement, ils pouvaient suivre l’évènement sur Facebook et surtout compter sur Nicolas Chabanne pour poser, en direct, leurs questions aux agriculteurs. Rapprocher consommateurs et producteurs : un pari qui semble pour le moment réussi… »
Aude BRESSOLIER