Comment nous fixons collectivement, entre producteurs et consommateurs, le prix du lait CQLP ?

Pour nous assurer à nous consommateurs que les produits créés tous ensemble continuent de rémunérer les producteurs au juste prix dans ce contexte imprévisible d’explosion des coûts de production, nous sommes en contact permanent avec les producteurs associés à la démarche.

Depuis septembre 2022 : tous les mois, les producteurs nous informent de la juste rémunération dont ils ont besoin pour continuer de se projeter durablement dans leur exploitation.

BAROMETRE DU PRIX DU LAIT CQLP - Juste rémunération votée par les producteurs en juin 2022
Prix validés par les producteurs et certifiés par nous les consommateurs (hors primes)
*Pour les briques de lait et la crème UHT, les producteurs ont voté pour une rémunération à 0,45 €/L pour éviter une trop forte hausse dans les rayons et ne pas dépasser un prix conseillé psychologique de 1,10€.

Cela permet à tous les producteurs CQLP pour les produits laitiers (et à terme les autres producteurs associés à la démarche) de nous informer en continue de la rémunération dont ils ont besoin à l’instant T. Cette décision ne pourra pas être répercutée instantanément en rayon mais cela nous permettra d’avoir en temps réel l’indication des producteurs pour enclencher le processus que nous avons toujours suivi de juste rémunération.

Les 3 étapes de validation d'un nouveau prix

1

Les producteurs demandent et votent un prix qui leur assure une juste rémunération

2

Les consommateurs-sociétaires valident la rémunération demandée par les producteurs

3

Les produits avec la juste rémunération ajustée arrivent en rayon (en suivant de près les emballages pour ne pas avoir de gaspillage).

Le système de suivi de l’évolution des coûts de production

Nous avons travaillé sur un système qui permettrait aux producteurs d’être rémunérés au juste prix quel que soit le contexte. Nous avons réfléchi conjointement avec des producteurs et des experts pour élaborer le modèle le plus juste possible en fonction des données disponibles.

Le plus important à suivre sont les charges des producteurs, c’est-à-dire ce qu’ils ont déboursé pour produire du lait : les intrants, les services, le matériel, les bâtiments etc. C’est ce que nous appelons les « coûts de production » (même si c’est un petit abus de langage puisque techniquement les coûts de production prennent aussi en compte le salaire des producteurs exploitants).

Pour les suivre, nous nous appuyons en partie sur les indices calculés chaque mois par l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), appelés les indices IPAMPA, qui permettent de suivre l’évolution d’une partie des charges des producteurs. Ils sont très pratiques mais ne permettent pas d’avoir une vision complète de l’évolution des charges, nous les avons donc combinés avec d’autres données (cf informations complémentaires) pour s’approcher au plus près de la réalité et créer un modèle de suivi de production.

Avec tout cela, nous arrivons à obtenir une estimation mensuelle (publiée avec un mois de retard par l’Insee) des coûts de production des producteurs ! 😊

Si les coûts augmentent (ou diminuent) légèrement, la juste rémunération votée tous ensemble permet d’absorber les variations : on ne touche donc pas à la rémunération. 😊 C’est ce qu’il s’est passé pendant 5 ans.

S’ils augmentent (ou diminuent) beaucoup, il faut actualiser la rémunération du producteur pour qu’il puisse y faire face. Objectif : faire en sorte que son revenu (rémunération moins les coûts de production) ne varie pas et qu’il puisse continuer à envisager l’avenir sereinement.

Voici ce que cette estimation représente pour les derniers mois. (Ceci est un modèle, cela ne remplace bien sûr pas les échanges concrets avec les producteurs).

tournée magasins producteurs Bresse 16 Mars Montbéliard

Evolution de la juste rémunération en 2022

Depuis juillet 2021, les matières premières (énergie, alimentation…) et les charges sont en constante augmentation sur les exploitations agricoles. 😔 Les éleveurs laitiers associés à la démarche nous remontent des hausses de coûts de production qui remettaient en question leur juste rémunération votée collectivement.

Pour compenser cette hausse, début 2022, les consommateurs-sociétaires de la démarche ont voté en urgence pour une hausse de la rémunération de 0,39€/L à 0,43€/L (prix de base) qui a été effective à partir de juin 2022.

Après avoir échangé avec les producteurs, les consommateurs-sociétaires ont validé une première augmentation de la rémunération des producteurs de 0,39€/L à 0,43€/L sur tous les produits CQLP à base de lait.

Au vu du contexte économique et environnemental très changeant, nous avons validé collectivement l’évolution de notre système pour être sûrs que la rémunération des agriculteurs est toujours juste. 

1 – Mise en place d’un système de calcul du prix juste, basé sur les coûts de production des éleveurs.

2 – Organisation de nombreux groupes de travail avec les producteurs des différentes laiteries partenaires (des différents produits) afin d’avoir une logique de rémunération commune pour trouver tous ensemble le juste prix. 

En mai, la rémunération juste demandée par les agriculteurs était de 0,47€/L. La rémunération calculée par le modèle basé sur l’IPAMPA nous indiquait 0,463€/L au 31 avril. 

Les producteurs de la démarche ont validé la rémunération à 0,47€/L (pour le cahier des charges classique) depuis septembre (et ce jusque fin 2022 pour éviter un changement trop fréquent auprès des enseignes et pour gérer au mieux la logistique des emballages).

  • Sur le fromage blanc et le yaourt  0,47€/L.
  • Pour le beurre de baratte, 0,485€/L (du fait du cahier des charges Bleu-Blanc-Cœur + strict, + contraignant)
  • Sur les briques de lait et la crème UHT, les producteurs ont décidé de passer à 0,45€/L pour éviter une trop forte hausse dans les rayons et ne pas dépasser un prix conseillé psychologique de 1,10€.

Informations complémentaires

IPAMPA – Indices des Prix d’Achat de Moyens de Production Agricole :​ ils mesurent pour de nombreux postes de dépense (semences, alimentation, engrais etc.) les variations des prix que supportent les exploitations agricoles. Pour les élaborer, des milliers de prix sont relevés chaque mois chez des agro-fournisseurs, puis l’Insee calcule l’augmentation moyenne pour chaque poste de dépense des producteurs.

Les autres facteurs qui nous aident à évaluer les coûts de productions du lait :

  • Les autres charges : fermages, travaux extérieurs, etc.
  • Le revenu de la vente d’animaux.

Attention il y a cependant quelques limites :

  • Les coûts sont saisonniers
  • L’IPAMPA est un indice national, il n’est pas représentatif de toutes les exploitations (cas particuliers liés à la région)
  • Les indices IPAMPA sont des indices de base 100 en 2015, les pratiques ont pu évoluer depuis.
  • Les aides PAC ne sont pas prises en compte.

Rappel du principe de la démarche​

Nous, les consommateurs, avons créé la démarche « C’est qui le Patron ?! » en 2016 pour sauver à l’époque les producteurs de lait en détresse dans la Bresse (BVS) et reprendre en main nous-même la création des produits que nous consommons. Grâce aux ventes records de briques de lait, d’autres producteurs ont pu bénéficier de la démarche  à travers la co-création de nouveaux produits.

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