L’USINE NOUVELLE – Comment C’est qui le patron?! compte adouber les industriels de l’agroalimentaire

« La coopérative C’est qui le patron?! a lancé, le 17 septembre, l’Atelier Consommateur et Citoyen. Une initiative qui permet aux industriels de l’agroalimentaire de placer leurs marques sous la vigilance des consommateurs de la marque citoyenne. Au total, 14 entreprises, parmi lesquelles Nestlé, ont déjà fait appel à l’atelier. A terme, certaines pourraient obtenir un label consommateur-citoyen ».
C’est qui le patron ?! lance un processus de partenariat avec les grandes marques, qui pourrait déboucher sur un label « consommateur citoyen ». © C’est qui le patron
Qu’est-ce qui pourra arrêter le succès de C’est qui le Patron?! En tout cas pas les grandes marques, qui préfèrent en bénéficier. L’enseigne citoyenne, créée fin 2016- et qui a commercialisé, à ce jour, plus de 150 millions de produits-, lance, ce 17 septembre 2019, l’Atelier consommateur et citoyen (Atelier C&C) Cette structure vise à mettre à disposition des grandes entreprises du secteur agroalimentaire l’expertise particulière de ses consommateurs sociétaires. »Il est temps d’agir collectivement et par nous-mêmes, en allant directement au cœur des entreprises et des fabricants porter nos valeurs et nos attentes. Nous allons donner l’impulsion à l’ensemble du secteur afin de l’amener à opter pour des méthodes de production plus responsables, plus durables et plus équitables », explique,à l’Usine Nouvelle, Nicolas Chabanne fondateur de C’est qui le patron?!

45 groupes a la moulinette

L’initiative est née après que les groupes agro – industriels ont montré leur intérêt pour la coopérative citoyenne.

« Quand nous avons reçu les premières demandes, nos sociétaires ont tout de suite mis le pied sur le frein de peur d’être récupérés », précise Nicolas Chabanne. Le groupement a donc construit une stratégie pour éviter cette récupération. « Nous avons été très transparents avec les industriels et leur avons précisé que participer à l’Atelier ne signifiait en aucun cas être automatiquement labellisé ‘produit consommateur' », explique le dirigeant. Au total, près de 45 marques et 14 entreprises de toutes tailles se sont rapprochées de la marque pour passer à la moulinette des consommateurs. Parmi ces industriels téméraires, on retrouve Mousline, Chocapic et Fitness de Nestlé mais également les pruneaux Roucadil ou La Laiterie de Saint Denis de l’Hôtel dans sa totalité, avec plus de 2300 produits. Le projet ne s’arrête pas aux professionnels de l’agroalimentaire puisque la chaine d’hotels Greet, propriété du groupe Accor ou des produits bancaires de la BNP font également partie du projet.

Deux phases d’évaluation

Les entreprises qui ont accepté les conditions posées par C’est qui le patron?! s’engagent alors dans deux phases d’évaluation. La première étape, dite d’observation, peut durer plusieurs semaines durant lesquelles les dirigeants des sociétés répondent aux questions des consommateurs. « L’objectif est de comprendre quel est l’état d’esprit derrière la démarche », ajoute Nicolas Chabanne. Les consommateurs analysent également la transparence des produits proposés et la cohérence du discours via des outils d’analyse de la comptabilité. « Cela permet de contrôler si les stratégies d’achat fournisseur ou la politique sociale sont bien en accord avec les engagements pris » poursuit le dirigeant. A l’issue de cette première étape, les sociétaires décident au non de donner suite au processus, « s’ils leur semblent que la démarche est saine et les produits transparents, alors ils vont les évaluer en suivant le cahier des charges établi par C’est qui le patron ?! », explique le dirigeant. Au total, plus de 25 000 produits vont ainsi être scrutés par les consommateurs. « Nous allons tout faire pour avoir une influence sur un maximum de produits » ajoute le fondateur de la marque citoyenne.

Vers une labellisation

Trois scénarios sont alors possibles. Soit le produit n’est pas retenu, soit il reçoit un label qui lui permet de continuer d’être commercialisé sous sa propre marque mais avec le logo « consommateur citoyen », soit il devient un produit vendu sous la marque « C’est qui le patron?! » Nicolas Chabanne explique privilégier la seconde option, pour éviter la confusion des genres.

Un budget de 80 000 euros

Une prestation qui a un coût. « Pour les grandes entreprises, la première phase d’évaluation coûte entre 40 000 et 80 000 euros », précise le dirigeant. Une somme qui permet d’ouvrir, gratuitement, le service à cinq PME. « L’objectif est de permettre aux grands et aux petits de participer, pour n’exclure personne du changement », ajoute Nicolas Chabanne. Pour la seconde phase, C’est qui le patron?! prendra une commission de 5% sur les ventes de produits sous sa marque et de 2% sur ceux commercialisés sous leur propre nom, mais avec le label « consommateur citoyen ». « Ce modèle nous permet de garder notre indépendance » se félicite Nicolas Chabanne qui précise que, malgré sa diversification C’est qui le patron?! n’a pas encore eu besoin d’investisseur. »
ADELINE HAVERLAND