15/02/2019
« Alors que les grands groupes ont parfois du mal à accompagner l’explosion des nouvelles demandes des consommateurs, des PME se sont emparées de ces opportunités. Bio, végétal, made in France… elles ont réussi à s’imposer sur un marché jusque-là très fermé.
Sojasun, pionnier du végétalisme
Pionnier, précurseur, avant-gardiste… Lorsque les spécialistes évoquent la réussite de Sojasun, ils ne tarissent pas d’éloges. Et pour cause. En 1988, alors que peu d’industriels auraient misé sur les protéines végétales, c’est le pari qu’a fait la PME Triballat Noyal, située à Noyal-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine), propriété de la famille Clanchin. Et ce, afin d’anticiper la fin des quotas laitiers et de proposer une alternative au lait de vache. C’est en 1988 que l’entreprise ouvre sa première laiterie végétale à Noyal-sur-Vilaine et propose des yaourts à base de soja sans OGM.
Trente ans plus tard et la mode du flexitarisme aidant, Triballat Noyal a réalisé un chiffre d’affaires de 327 millions d’euros en 2018, dont 74 millions pour Sojasun. « Triballat Noyal a initié les consommateurs. La marque Sojasun fut la première – et longtemps la seule – à proposer des produits ultra-frais sans lait, puis des produits traiteur sans viande à base de soja », confirme Xavier Terlet, le Président du cabinet de conseil XTC World Innovation. Et les résultats sont au rendez-vous : chaque année, Sojasun vend 28 000 tonnes de desserts, soit l’équivalent de 40 000 pots produits par heure pour un total de 60 références.
– Créé en 1988
– 74 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018
– 1283 salariés pour l’ensemble du groupe
« C’est qui le Patron ?! » : le pari de la transparence
Un cahier des charges et un prix « juste » défini par les consommateurs, voilà la proposition originale faite par « C’est qui le Patron ?! ». Pour répondre à la demande de transparence et rebondir sur les débats du prix payé aux producteurs, la marque lancée par Nicolas Chabanne s’appuie sur le concept de marque de consommateur. Via des questionnaires disponibles en ligne, les futurs clients sont invités à piloter la création des produits : des conditions de production, en passant par la transformation et la rémunération des producteurs, ils sont interrogés sur toute la chaîne de production.
C’est ainsi qu’en octobre 2016, en pleine crise des producteurs laitiers, la première brique de lait sans OGM origine France, issue de vaches ayant pâturé entre trois et six mois, mais, surtout, rémunérant le producteur à 0,39 euro par litre, est mise sur le marché. Un tarif légèrement supérieur au prix du marché, mais qui n’effraie pas les consommateurs. Alors que la marque s’était fixée comme objectif de commercialiser 15 millions de litres au cours des deux premières années, elle en a déjà écoulé plus de 80 millions depuis sa création. Face à ce succès, « C’est qui le Patron ?! » s’est lancé sur le marché du beurre, du miel, des pâtes, et même des tablettes de chocolat.
– Créé en 2016
– 3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017
– 8 000 sociétaires
Bodin, spécialiste de la volaille bio
Le salut de la filière viande en France passerait-il par le bio ? C’est du moins ce que pourrait laisser penser les beaux résultats de Bodin Bio, établi à Sainte-Hermine (Vendée). Alors que la consommation de produits carnés a reculé de plus de 12 points au cours des dix dernières années, la PME, spécialiste de la volaille bio, affiche des résultats en hausse. Sur les cinq dernières années, le chiffre d’affaires de Bodin Bio a doublé pour atteindre 58 millions d’euros en 2017.
Quarante ans après sa création, la PME vendéenne, qui a rejoint la coopérative Terrena en 1997, compte désormais plus de 110 éleveurs répartis sur tout le territoire français. Ils lui permettent de produire 6 000 tonnes de poulet par an vendues dans les épiceries spécialisées sous la marque Le Picoreur et en grande distribution via la marque Nature de France. Seul abattoir de volaille en France exclusivement dédié aux produits bio, Bodin Bio s’est imposé comme le leader du marché français dont il détient actuellement 40 % des parts de marché. Un succès qui s’étend au-delà de l’Hexagone puisque l’entreprise est également numéro un du poulet bio en Europe.
– Créé en 1979
– 58 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017
– 161 salariés
Alpina Savoie, le choix du made in France
Du blé cultivé sans pesticides dans le Gers et la Drôme, des œufs collectés dans des fermes françaises, des opérations de transformation opérées dans l’usine de Chambéry (Savoie), des emballages produits en Rhône-Alpes.
En 2018, Alpina Savoie a fait le choix du 100 % made in France. L’industriel centenaire, connu notamment pour sa recette de crozets, pèse actuellement 1 % du marché des pâtes. Un poids qu’il espère voir doubler grâce à l’investissement de 1,5 million d’euros réalisé en 2017 pour permettre le lancement de sa nouvelle gamme de pâtes « filière française ». « Aujourd’hui, les Français veulent manger bon, sain, local et responsable et il est important que nous apportions notre pierre à l’édifice », a expliqué Jean-Philippe Lefrançois, le Directeur général d’Alpina Savoie, lors du lancement de cette gamme, en mars 2018. Reste à savoir si les consommateurs seront au rendez-vous. Les produits « filière française » d’Alpina Savoie sont vendus à un prix légèrement supérieur à celui des autres acteurs du secteur et visent une clientèle haut de gamme.
– Créé en 1844
– 41 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017
– 140 salariés
Bjorg Bonneterre et Compagnie, champion du bio
Environ 70 % des consommateurs achètent du bio au moins une fois par an. Une proportion en croissance continue sur laquelle Bjorg Bonneterre et Compagnie entend bien s’appuyer pour conforter sa place de leader du marché du bio en France.
Pourtant, lorsqu’il lance en 1988 la marque Bjorg, celle-ci vise un marché de niche : celui de la diététique. La multiplication des scandales sanitaires servira de levier pour les activités de l’entreprise française. Trente ans plus tard, elle est aussi bien présente dans les rayons des supermarchés que dans les épiceries spécialisées. Numéro un du bio, avec près de 25 % des parts de marché, Bjorg Bonneterre et Compagnie, implanté à Saint-Genis-Laval (Rhône), réalise un chiffre d’affaires de 362 millions d’euros en 2017 et affiche une croissance de 7 % par an.
Le groupe ne cache pas ses ambitions de voir ses résultats doubler au cours des prochaines années, notamment en s’appuyant sur la grande distribution. « En quelques années, nous avons vu un changement dans l’attitude des distributeurs à notre égard. Le rayon bio est l’un des tracteurs de la consommation. C’est l’un des secteurs qui continue de croître alors que l’agroalimentaire, en général, est plutôt sur une tendance baissière », espère Daniel Tirat, le Directeur général de l’entreprise.
– Créé en 1970
– 362 millions d’euros de chiffre d’affaires
– 480 salariés. »