LE TÉLÉGRAMME – Le patron, c’est le consommateur

 

Laurent Pasquier, co-fondateur de la marque « C'est qui le patron », hier, au colloque de Valorial. (Photo DR)
Laurent Pasquier, co-fondateur de la marque « C’est qui le patron », hier, au colloque de Valorial. (Photo DR)

 

01/12/2017

« Les consommateurs ne se contentent plus d’acheter des nouveaux produits que leur proposent les marques. Ils participent activement à leur conception. L’heure est à la co-création, facilitée par internet.

Lancée en octobre 2016 en pleine crise laitière, la brique de lait à la marque « C’est qui le patron ? » vendue 99 centimes (quelques centimes de plus qu’un lait de qualité équivalente) cartonne aujourd’hui dans les rayons de la distribution française.

La clé de son succès : ce sont les consommateurs eux-mêmes qui en ont dressé le portrait-robot par le biais d’un questionnaire sur internet. Ils ont décrit le produit correspondant à leurs attentes en termes de qualité, et ils ont défini aussi le prix qu’ils étaient prêts à débourser, afin d’assurer un revenu décent aux producteurs. Sur les 99 centimes, 39 centimes reviennent aux producteurs de lait.*

 

Valorial : colloque à Rennes

« À partir des options les plus votées, on a créé un cahier des charges très strict et on a contractualisé avec des transformateurs pour produire la brique de lait. On a démarré avec Carrefour et la plupart des autres enseignes ont suivi », résume Laurent Pasquier. Le cofondateur de « c’est qui le patron ? » était présent hier à Rennes au colloque organisé par le pôle de compétitivité Valorial, sur le thème « Mieux innover, l’agro fait sa révolution ».

La marque du consommateur connaît un tel succès qu’elle va s’étendre à d’autres produits comme les oeufs, le beurre, la compote, le steak haché…

 

Un nouveau monde

Laurent Pasquier attribue ce succès fulgurant à l’émergence d’un mouvement citoyen, une vraie lame de fond. « On est entré dans un nouveau monde qui pousse à donner plus de sens à sa vie, à ses actions, ses achats, à maîtriser son destin. Cela a aussi pour conséquence de créer énormément de défiance envers tous les acteurs institutionnels, les transformateurs et les distributeurs ».

La démarche permet, selon lui, de sortir par le haut en revalorisant le travail des hommes : « On réhumanise les produits ».

Donner la parole aux consommateurs pour concevoir de nouveaux produits : c’est aussi le mot d’ordre de l’industrie agroalimentaire bretonne. Elle s’est mise au numérique et utilise les très influents réseaux sociaux.

L’entreprise Hénaff, par exemple, réunit aujourd’hui une vaste communauté d’internautes consommateurs de son célèbre pâté avec lesquels elle interagit. « Les consommateurs doivent s’attendre à être de plus en plus souvent interrogés par les industries agroalimentaires. La révolution numérique rend cet exercice beaucoup plus facile et moins coûteux qu’auparavant », note Jean-Luc Perrot, directeur de Valorial. »

 

Frédérique LE GALL

 

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