LA RECYCLERIE – La grande distribution prend-t-elle ses responsabilités ?

« Le marché du bio se développe fortement en France… mais la grande distribution suit-elle la cadence ? Débat avec Florent Guhl, Elsa Satilmis et Bertrand Swiderski.

Emblème de la société de consommation, les grandes surfaces concentrent encore aujourd’hui près de 65 %des ventes de produits alimentaires en France. Mais face aux grands enjeux environnementaux et sociaux liés à l’alimentation, la grande distribution prend-elle ses responsabilités ?

La grande distribution

02/05/2019

Retour sur ce débat enregistré en public le 29 avril 2019 à La REcyclerie, à Paris, avec Florent Guhl, directeur de l’AGENCE BIO, Elsa Satilmis, Responsable commercial de « C’est qui le Patron ?! », et Bertrand Swiderski, Directeur du développement durable du Groupe Carrefour.

La forte avancée de la bio en France

Le marché du bio « se développe très fortement en France », s’enthousiasme Florent Guhl. Les dernières statistiques2 parlent d’elles-mêmes : les produits alimentaires bio ont généré 8,373 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017, soit une croissance de près de 17 % par rapport à 2016. Toutefois, les produits issus de l’agriculture biologique restent majoritairement vendus en grandes surfaces (à hauteur de 45 %). Viennent ensuite les magasins bio (35 %) et les circuits courts (16 %). Avec de tels chiffres, les grandes enseignes ont donc tout intérêt à se positionner sur ce marché en pleine expansion. Mais pour ces « paquebots » de l’alimentaire, est-il question d’effectuer de simples réglages ou de changer radicalement de cap ?

La grande distribution suit-elle la cadence ?

La grande distribution « a déjà embrayé le pas » affirme Elsa Satilmis : « La brique de lait de la marque « C’est qui le Patron ?! » est aujourd’hui dans les rayons car les consommateurs ont créé le produit, certes, mais aussi car les grandes enseignes ont fait leur part du travail. Elles ont laissé une chance au produit, l’ont accompagné ». Cette adaptation demeure toutefois lente au regard des urgences climatiques et de la nécessité d’un profond changement de modèle agricole. Trop lente ? Face à cette objection, Bertrand Swiderski se veut rassurant : « C’est maintenant que l’on doit changer, effectuer une transition alimentaire avec le consommateur. Carrefour c’est trois millions de personnes qui passent à la caisse tous les jours… vous imaginez le pouvoir du consommateur ? Il faut donc jouer avec cet acteur qu’est la grande distribution ». »

1 Selon les DERNIÈRES STATISTIQUES DE L’INSEE

2 Rapport à TÉLÉCHARGER EN LIGNE

 

SIMON BEYRAND

Article original