FRANCE BLEU (Bas-Rhin) – Deux ans après sa création en Alsace, le jus de pomme « C’est qui le Patron ?! » dépasse le million de briques vendues

C’est en voyant le succès du lait « C’est qui le patron ?! » qui promet de rémunérer le producteur au juste prix que des agriculteurs alsaciens avaient eu l’idée de proposer un jus de pomme à la marque. Aujourd’hui, ce jus fête ses deux ans. Bilan.

Nicolas Chabanne, créateur de la marque du consommateur " C'est qui le patron ?! " pose devant le jus de pomme qui fête ses deux ans.
Nicolas Chabanne, créateur de la marque du consommateur  » C’est qui le patron ?!  » pose devant le jus de pomme qui fête ses deux ans. © Maxppp – ARNAUD DUMONTIER
21/04/2019

Alsace, France

Vous l’avez peut-être vu dans les rayons de votre supermarché : le jus de pomme « C’est qui le patron ?! » fête ses deux ans. C’est en voyant le lait de cette marque qui promet de rémunérer le producteur au juste prix que des agriculteurs alsaciens ont eu l’idée de faire pareil avec le jus de pommes. Le principe : les consommateurs fixent eux-mêmes la charte et le prix. Au départ, 30 centimes le kilo ont été évoqués. Finalement, après proposition des agriculteurs, les consommateurs ont voté le prix de 19 centimes le kilo, ce qui représente environ le double du prix du marché pour les pommes à jus (des pommes second choix, qui ne sont pas assez jolies pour être vendues entières).

Patrick Vogel possède un verger de 11 hectares à Kriegsheim, il est également président de la CUMA (Coopérative d’utilisation de matériel agricole) de Brumath qui regroupe une dizaine de producteurs de pommes. Ensemble, ils fournissent « C’est qui le patron ?! » depuis cette année.

La rémunération passe du simple au double, c’est une aubaine » – Patrick Vogel, producteur de pommes à Kriegsheim

Patrick Vogel s’est converti en éco-responsable il y a quelques temps, une condition inscrite dans la charte imaginée par les consommateurs pour ce jus de pommes. « C’est une fierté d’avoir été choisi, ce sont des pommes locales, ça veut dire qu’on travaille plutôt bien si on est pris » sourit l’agriculteur qui ajoute « et puis il y a le prix, on ne va pas se le cacher, la rémunération passe du simple au double, c’est une aubaine. » Et même avec des pommes achetées deux fois plus cher, les ventes du jus ne cessent d’augmenter.

Patrick Vogel au milieu de son verger éco-responsable de 11 hectares à Kriegsheim. - Radio France
Patrick Vogel au milieu de son verger éco-responsable de 11 hectares à Kriegsheim. © Radio France – Solène de Larquier

Nicolas Chabanne est le fondateur de la marque : « C’est un des produits qui nous offrent le plus de retours positifs sur la qualité, les clients l’aiment et nous le font savoir. L’initiative a eu tellement de succès que d’autres distributeurs sont venus, les ventes augmentent avec une accélération et43 % de ventes supplémentaires la deuxième année » détaille, ravi, le gérant. 724 555 briques de jus de pomme « C’est qui le Patron ?! » ont été vendues durant la première année (avril 2017 à mars 2018) et les ventes ont même dépassé le million cette année avec 1 040 232 de briques entre avril 2018 et mars 2019, et ce malgré une rupture de stock durant l’été 2018. Le jus s’est même mieux vendu cette année que certaines grandes marques du secteur.

Les agriculteurs alsaciens représentent 10% de la production du jus

Les agriculteurs alsaciens souhaitaient au départ un jus 100% alsaciens. Mais faute de production suffisante, ils représentaient 17,5 % de l’origine des pommes la première année et 10-12 % cette deuxième année, notamment à cause d’une panne du pressoir partenaire en Alsace qui a freiné l’approvisionnement en 2019. « Cette année, on a eu beaucoup de pommes, on aimerait fournir plus, mais après il faut aussi vendre le jus » reconnaît Patrick Vogel pour qui ce jus représente 30 % de sa production de pommes second choix. 

Pour accroître encore les ventes, la demande doit venir des consommateurs : la marque n’a pas de commerciaux, c’est donc aux clients de convaincre de nouvelles enseignes de distribuer le jus. Et cela fonctionne, neuf groupes le proposent aujourd’hui contre un seul il y deux ans.Une application a été créée depuis peu pour que le client puisse solliciter lui-même de potentiels distributeurs.

En ce qui concerne le prix, Patrick Vogel reconnaît que c’est un peu juste pour en vivre : « Ce sont des pommes second choix, je le rappelle, (ndlr : les pommes de table se vendent entre 50 centimes et un euro le kilos), 22 centimes ce serait bien pour rentrer dans les frais mais 19 centimes c’est déjà bien mieux que huit, ça permet de valoriser des pommes qu’on laisserait au pied de l’arbre sinon », estime l’agriculteur alsacien dont les principaux revenus viennent de son auberge et non de son exploitation. 

Le fondateur de la marque « C’est qui le patron » se dit à l’écoute des évolutions des frais des agriculteurs : « Si le prix ne suffisait plus à leur permettre de vivre convenablement, on pourrait faire revoter les consommateurs pour l’augmenter« , explique Nicolas Chabanne. Les consommateurs sont en effet régulièrement sollicités par des votes sur les évolutions des 33 produits qui propose aujourd’hui la marque.

SOLENNE DE LARQUIER

 

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