EUROPE 1 – Que devient « C’est qui le patron », la coopérative qui veut une rémunération plus juste des producteurs ?

« De la crise du lait, il y a trois ans, est née une marque « c’est qui le patron ? », promettant une vraie rémunération pour le producteur. Alors, trois ans, après le pari est-il réussi ?
ENQUÊTE EUROPE 1

Chute du lait, détresse des producteurs … Suite à la crise laitière, est née en 2016 la coopérative « C’est qui le patron » avec l’objectif de rémunérer les producteurs plus justement, en laissant les consommateurs fixer les prix. Qu’est devenue la marque trois ans plus tard ? Europe 1 a enquêté. 

« J’ai envie de sauver l’agriculteur »

Aujourd’hui, « C’est qui le patron » c’est une trentaine de produits comme le beurre, le chocolat, les sardines en boîtes, les compotes de pommes et bientôt les yaourts. 10.000 sociétaires consommateurs participent à l’aventure après s’être inscrits pour un euro symbolique. Quels nouveaux produits faut-il créer ? Avec quel cahier des charges ? La farine, bio ou pas bio ? Et, les sardines, pêche responsable ou non ? Les sociétaires votent sur tous ces sujets et prennent le temps de défendre leur projet. Visites aux producteurs, négociations directement avec la grande distribution … Les sociétaires prennent leur rôle très à cœur à l’image de Sandrine, comptable, qui est a tenté de négocier avec Auchan, à Lille : « Je suis pas la commerciale intraitable. Je suis plus celle qui va parler avec son cœur, moi j’ai envie de sauver l’agriculteur, j’ai envie de faire des choses bien quand je vais consommer ». 

Aux côtés de Sandrine, Marine, consultante dans les transports était également présente : « J’ai pris une journée de congé parce que je trouve que c’est important de pouvoir aller discuter avec les distributeurs pour comprendre pourquoi les produits pour lesquels nous avons voté, ne sont pas dans les rayons ». Car « C’est qui le patron » a du mal à faire entrer tous ses produits dans les rayons. Il est désormais facile de trouver du lait, des œufs ou encore du beurre. Mais dès qu’il s’agit de produits transformés, comme les pâtes, les choses se compliquent.

« Il y a encore du pain sur la planche »

L’argument d’Auchan ? Le consommateur n’identifie pas un produit transformé à son producteur et il se vend donc moins bien, explique le secrétaire général d’Auchan Franck Geretzhuber. « Le métier de commerçant, le métier de sélectionneur, concepteur d’une offre, répond à une règle relativement simple : on ne met en rayon que les produits qui ont du sens et que les consommateurs veulent acheter ». En réalité, une autre raison se cache derrière : Auchan a sa propre filière responsable et n’a donc pas forcément envie d’une nouvelle concurrence.

« Il y a encore du pain sur la planche », a ainsi conclue la comptable Sandrine. « On a senti la difficulté. On nous dit « oui on adhère à votre démarche mais on ne va pas forcément vous filer un coup de pouce ». C’est un gros paquebot qui a une manière d’avancer et changer ses habitudes, c’est compliqué ». D’autres grandes enseignes ont plus facilement ouvert leurs portes à l’image de Carrefour ou de Leclerc. Face aux réticences des autres, « C’est qui le patron » a toutefois décidé de mettre ses produits en vente également sur internet. »

Par Carole Ferry édité par Laura Andrieu

 

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