DNA – Savoir ce que l’on mange : pièges et solutions

 28/02/2019

« Savez-vous bien lire les étiquettes ? Identifier les slogans marketing sur un packaging ? Faire confiance aux bons labels ? Différencier les produits vraiment fabriqués en France des autres ? Voilà quelques clés pour ne plus tomber dans les pièges de la consommation alimentaire.

Déjouer les mentions trompeuses

Au fil des années, manger français, local et authentique est devenu un argument de vente dans les rayons. La grande distribution s’est emparée du phénomène, les consommateurs se disant prêts à payer plus cher ces articles. Plusieurs produits jouent donc à fond la carte de l’origine… parfois à la limite de la mention mensongère.

 

Faites-vous la différence entre les logos officiels et les slogans marketing apposés sur les produits ? Sachez que des mentions telles que « C’est bon la France », « 100 % origine garantie », ou « Terroir garanti » ainsi que des drapeaux bleu-blanc-rouge ou régionaux sur les paquets sont parfois trompeurs et n’authentifient en rien leur provenance réelle.

 

« Élu produit de l’année » ou « Saveur de l’année », c’est quoi ?

Les mentions « Élu produit de l’année » ou « Saveur de l’année » n’ont aucune valeur nutritive ou qualitative, souligne l’association de consommateurs CLCV : « Dans la plupart des cas, les produits primés présentent en fait peu d’intérêt pour le consommateur. En effet, une part importante des critères de sélection porte sur l’attractivité ou l’innovation au niveau de l’emballage […]. Un échantillon de 10 000 foyers reçoit un questionnaire sur ces produits. Les personnes interrogées les notent mais sans forcément les goûter […]. Les lauréats peuvent en acquittant des droits au propriétaire, utiliser le logo jusqu’à la fin de l’année ».

Trouver du « made in France »

Pour s’assurer d’une viande « made in France », par exemple, repérez le logo « Viandes de France », un certificat qui assure que la viande marquée du logo hexagonal et décliné selon les espèces est issue d’animaux nés, élevés, abattus, découpés et transformés en France.

 

Ce label tricolore représentant une carte de France stylisée a aussi été adopté par les filières œufs, fruits et légumes et fleurs.

 

Vous pouvez également faire confiance aux mentions « origine France » ou « produit de France » qui vous indiqueront que le produit que vous achetez (des huîtres, des olives, du miel…) a été récolté en France et éventuellement transformé sur un site français. N’hésitez pas non plus devant les labels AOP, appellation d’origine protégée (beurre, fromages…), AOC appellation d’origine contrôlée (vins…), IGP, Indication géographique protégée (charcuterie…) ou encore le « Label Rouge », qui garantit une qualité supérieure, et la « Spécialité Traditionnelle Garantie », gage de savoir-faire traditionnel.

 

Notez que dans les plats transformés (lasagnes, raviolis…), la provenance de la viande reste souvent la plus floue possible (UE ou non UE), certains industriels profitant d’une faille réglementaire.

 

Le « Nutri-Score », qu’est-ce que ça vaut ?

 

L’étiquetage nutritionnel « Nutri-Score » lancé en novembre 2017 par le gouvernement pour lutter contre la « malbouffe » peine à s’imposer.

 

Cette échelle, qui classe de A à E les produits alimentaires en fonction de leurs qualités nutritionnelles, était censée guider les choix des clients dans les rayons et pousser industriels et distributeurs à améliorer la qualité de leurs recettes.

 

Mais le « Nutri-Score » est facultatif et repose uniquement sur le volontariat des groupes agro-alimentaires et des entreprises : certains, dont les produits seraient notés D ou E (orange) au vu de leur composition, n’ont tout simplement pas intérêt à le mettre !

 

La semaine dernière, un vote de l’Assemblée Nationale a toutefois rendu son affichage obligatoire sur tous les supports publicitaires : les annonceurs ont donc jusqu’au 1er janvier 2021 pour faire figurer ce logo sur leurs affichages publicitaires.

 

Toutefois, tout semble pouvoir s’arranger en mettant la main à la poche, puisque le texte précise que « les annonceurs et promoteurs pourront déroger à cette règle moyennant une contribution qui sera affectée à l’Agence nationale de santé publique »…

Se méfier des additifs et des conservateurs

L’autre astuce des entreprises pour mieux vendre est de vanter des produits plus sains qu’ils ne sont réellement : les barres de céréales, les poudres chocolatées ou les céréales pour enfants pleines de « vitalité », « enrichies en vitamines » qui sont de vraies bombes caloriques – préférez les mueslis sans sucres et les flocons d’avoine ; certaines briques de soupe « du potager » ou des poêlées de légumes surgelées qui regorgent de sucres ajoutés, de sel ou d’amidon modifié de blé ou de maïs ; ou encore les fruits séchés « bons pour la santé » qui contiennent surtout des glucides – jusqu’au trois quarts de la composition du produit…

 

Au rayon frais, méfiez-vous aussi de tout ce qui se trouve sous blisters plastique, tels que les sandwichs et les charcuteries industriels à prix bas et à durée de conservation longue : ils sont en général bourrés d’additifs et de conservateurs de type sorbates, nitrites, sulfites, texturants, colorants et autres antioxydants.

 

Les additifs ont d’abord été introduits pour la conservation des aliments et la prévention du développement de pathogènes dangereux comme le botulisme, la listériose ou la salmonellose, mais aussi de donner son aspect ou sa consistance au produit. Ainsi, les jambons blancs ou les lardons d’un rose éclatant tiennent leur couleur des nitrates et nitrites (E249, E250, E251, E252). On leur injecte également de l’eau, du gras et des sucres pour leur apporter de la densité, de la texture et du goût.

 

Même chose pour les fromages fondus industriels et autres préparations fromagères qui contiennent beaucoup d’acides gras saturés.

 

Reconnaître les logos bio, commerce équitable, pêche durable…

  • Le label Agriculture biologique (« AB ») est le plus connu des six labels officiels (Bio Europe, Bio cohérence, Cosmebio…) répondant au cahier des charges de l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité).

 

  • Le plus connu des certificats équitables, Fairtrade/Max Havelaar, garantit que le produit a été acheté à un prix correct et qu’il a été réalisé dans des conditions respectueuses des droits de l’Homme et de l’environnement. Il est régulièrement critiqué pour avoir certifié des multinationales.

 

  • « Pêche durable » et « pêche durable MSC » certifient que les produits vendus sous ces logos sont respectueux de l’environnement maritime.

 

Source Capital.fr

Allégés, zéro, argument « santé »…

Et les yaourts ? Ils ne sont pas épargnés par la colonisation des additifs, d’après 60 millions de consommateurs. Faites confiance à ceux qui s’appellent vraiment « yaourts » (et pas « spécialité laitière », « préparation laitière » ou « lait fermenté », « crème dessert », etc.) et qui sont de préférence nature. Les industriels utilisent souvent des sucres nocifs de céréales comme le fructose et le glucose, des purées de fruits avec conservateurs chimiques et divers additifs texturants (dans les mousses par exemple).

 

Il faut également fuir les « 0 % » et les produits allégés : remplacer le sucre par des édulcorants de synthèse (aspartame, sucralose, acésulfame K…) ou naturel (stévia…) « conduit à des modifications néfastes du métabolisme des graisses et de l’énergie » assure une étude publiée dans MedicalXPress en juillet 2017.

 

Le cola « zéro » contient même du caramel au sulfite d’ammonium (E150d), soupçonné d’être cancérigène, prévient l’organisme de défense des consommateurs UFC-Que Choisir.

 

Quant aux marques qui fondent leur marketing sur l’aspect « santé » (« bon pour le transit », « améliore votre cholestérol », etc.), il ne s’agit que d’arguments marketing, car le yaourt traditionnel est déjà un produit « santé » en lui-même.

« C’est qui le Patron ?! » : le consommateur devient acteur

 

« C’est qui le Patron ?! » est un logo qui, deux ans après sa création, connaît toujours un succès croissant. Les consommateurs sont devenus des « consomm’acteurs » qui décident notamment du cahier des charges des produits alimentaires ainsi que du prix permettant de satisfaire l’acheteur et de rémunérer correctement le producteur.

 

Après le lait, le chocolat, les pâtes, la pizza, le jus de pomme ou encore le steak haché, la coopérative sort régulièrement de nouveaux produits sous sa marque : de la farine de blé et des sardines en boîte à partir de vendredi, des bouteilles de vin dès le 15 mars, etc.

 

Face à cette réussite, des grandes marques tentent de monter dans le train en marche en appliquant un concept « responsable » à sa filière ou en nouant des partenariat avec des acteurs « verts ».

Des applications pour s’en sortir

Pour sortir la tête de cette jungle aux fausses informations, les clients ont pris pour habitude d’utiliser des applications qui scannent le code des articles et les notent, la plus connue étant Yuka, déjà téléchargée plus de 8 millions de fois – contre un million d’utilisateurs l’an dernier.

 

Yuka s’appuie sur la base de données libre et collaborative d’Open Food Facts, un projet associatif créé par des milliers de volontaires. Une sorte de « Wikipedia de l’alimentaire » se voulant « transparent », qui a le mérite d’éveiller les consciences et de forcer les industriels à améliorer leurs recettes pour rentrer dans les bonnes faveurs de Yuka.

 

Cependant, cette traque aux additifs ne fait pas l’unanimité des marques – qui dénoncent une notation hasardeuse quand les applications avancent le principe de précaution – mais aussi de la communauté scientifique, qui estime que l’algorithme ne se base sur aucune étude sérieuse.

 

« Est-ce que les gens qui donnent des informations sont fiables ? », « Est-ce qu’il y a réellement une équipe de gens compétents ? » opposent les détracteurs de Yuka, soulignant que « de vieilles listes d’ingrédients apparaissent parfois alors que les produits ont été reformulés depuis ».

 

Les industriels de l’agro-alimentaire ont d’ailleurs décidé de lancer une contre-attaque avec « Num-Alim », une base de données qui sera disponible en septembre 2019.

 

Vous l’aurez compris : la guerre des applications ne fait que commencer…

 

Sources : Et maintenant on mange quoi ? de Christophe Brusset (éditions Flammarion) ; « Ces aliments qui nous empoisonnent », 60 millions de consommateurs ; « Peut-on faire confiance à Yuka pour ses courses », Capital.

 

La grande distribution contre-attaque

 

Face au succès de Yuka, la grande distribution s’est empressée de diffuser ses propres applications : « Y’AQuoiDedans » pour Système U, une application censée traquer les substances controversées dans les aliments, ou encore « Act For Food », la plateforme digitale de Carrefour, pour apprendre à mieux manger.

 

Les industriels de l’agro-alimentaire ont décidé de lancer une contre-attaque avec « Num-Alim », une base de données alimentée par les membres de l’Ania, la Fédération nationale des industriels de l’alimentaire.

 

“Num-Alim est un catalogue numérique des aliments : un outil pour assurer la fiabilité et la transparence de l’information”, affirme dans un communiqué le Fonds français pour l’alimentation et la santé (FFAS) qui est aussi un partenaire de l’appli. Une première version de cette base de données sur le monde alimentaire sera disponible en septembre 2019.

 

Selon la FFAS, Num-Alim sera aussi un socle, un “carburant” sur lequel d’autres applications et outils pourront se baser.

 

Source : Capital

 

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