L’USINE NOUVELLE – « C’est qui le patron?! » impose sa marque dans le commerce équitable made in France

« Sans attendre les Etats généraux de l’alimentation, les initiatives pour garantir une rémunération plus juste des producteurs se multiplient. Et avec elles, le projet citoyen « C’est qui le patron?! » symbolise la solution d’un travail de meilleure qualité et d’une meilleure rémunération pour l’ensemble de la chaîne agroalimentaire.

C'est qui le patron?! impose sa marque dans le commerce équitable made in France© Twitter/ DR.
06/10/2017

 

Les partenariats s’enchaînent, les ventes aussi. En quelques mois, la marque créée par les consommateurs, a littéralement explosé. « C’est qui le patron?! », est l’histoire d’une brique de lait dont le cahier des charges a été déterminé par les consommateurs via un formulaire sur internet. Une alimentation saine, de qualité, et un environnement respectueux pour les vaches, une rémunération « au juste prix » pour le producteur, telles sont les promesses de la marque lancée en janvier 2017. Au final, cette brique de lait sera vendue 99 centimes d’euros en magasin (environ 5 centimes de plus que la moyenne en France), et le producteur recevra 39 centimes pour le litre (4 centimes de plus que le coût de revient du lait). Avec  plus de 9000 magasins distributeurs et quelque 22 millions de litres déjà vendus, à date, le pari de Nicolas Chabanne, le fondateur de la marque, semble fonctionner.

Alors que le commerce équitable visait initialement à garantir de meilleures conditions commerciales aux producteurs des pays dits « du Sud » qui empruntent une trajectoire durable, il semblerait que la greffe prenne en France. Les consommateurs y sont de plus en plus enclins à dépenser un peu plus pour connaître l’origine des produits qu’ils achètent et effectuer un acte militant – du moins, soutenir les agriculteurs. « C’est qui le patron?! » en est un bel exemple, engouffré dans la porte ouverte aux agriculteurs français en juillet 2014 avec la loi Hamon pour l’Economie sociale et solidaire.

 

Des partenariats avec les plus grands distributeurs…mais pas Leclerc

Les représentants de la marque française viennent d’être reçus par la conseillère agriculture du président de la République, Audrey Bourolleau.

 

A cette occasion ils ont annoncé que Monoprix avait pris la décision de passer tout son lait de marque distributeur en lait équitable avec « C’est qui le patron?! ». De plus, Carrefour s’est engagé à recourir à ce lait pour deux de ses produits marques distributeur : les yaourts nature et le fromage blanc.

 

 

Deux accords de poids pour ces « éco-consommateurs » qui prônent une rémunération plus juste du producteur. Et c’est cette popularité qui a sans doute poussé le représentant du premier grand concurrent de ces distributeurs, Michel-Edouard Leclerc, a annoncer un peu trop vite : « le magasin qui vend le plus (de briques de lait « C’est qui le patron?! », ndlr) c’est un centre Leclerc de l’ouest », à l’occasion d’une interview à RTL. Alors que ce n’était pas le cas.

La réponse ne s’est pas fait attendre :

 

 

Ni les excuses finalement, du principal intéressé sur son blog:

 

Des principes du commerce équitables compatibles

Le commerce équitable made in France se présente comme une des réponses aux crises dans la filière qui ont conduit à l’organisation des Etats généraux de l’alimentation qui se sont ouverts le 20 juillet dernier. Avec pour mots d’ordre : »trouver l’organisation qui permette à chacun d’avoir un vrai partage de la valeur ajoutée », selon les propos de Stéphane Travert, le ministre de l’Agriculture. Les principes du commerce équitable contribuent à répondre à cette attente. Notamment un prix juste et rémunérateur pour les producteurs, mais aussi un partenariat commercial sur la durée, un renforcement des compétences organisationnelles et techniques des organisations de producteurs, le respect des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), et la protection de la biodiversité.

Et les chiffres parlent. La croissance de la consommation de produits issus du commerce équitable en 2016, dont la majorité concerne les produits alimentaires, a été exponentielle : +42,8% par rapport à 2015, selon les chiffres publiés par la Plate-forme du commerce équitable (PFCE). Un résultat qui s’explique notamment par la montée en puissance des filières françaises de commerce équitable (+155%). Le marché du commerce équitable en France pèse aujourd’hui près d’1 milliard d’euros. Et en 2016, les ventes de produits de commerce équitable issus des pays en développement s’élèvent à 673 millions d’euros, celles de produits issus des filières françaises à 275 millions d’euros. Les initiatives citoyennes n’ont alors pas attendu. Et avec les chiffres, on peut sans risque leur prédire un bel avenir. »

 

 

Aurélie M’BIDA

 

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